Philomène Kélixte

Gaïa, le chant de la terre.

Entre guerre du feu et Pompeï,
c’est la genèse et l’apocalypse,
la naissance et la mort,
le vernix et la terre,
le résumé d’une vie…

1994

Modeler, mot de lait, langue maternelle, muse innocente des corps qui s’amusent et se figent, un instant, dans leur frêle armure d’argile grise.

Si mon souffle est suspendu, c’est que mon oreille est tendue sur le chant de la terre et sur tous ses mystères. Ma couche est douillette, qui épouse mon corps. Je la trouve très chouette et m’y endors.

L’enfant étendu dans de beaux draps, dort. Etendu dans la terre, en quoi serait-il mort ? Crois-tu que tes draps ne soient litière ? As-tu renié à ce point terre et mer ? Et où cours-tu, après quelle chimère ? Quand je t’attends, les bras grands ouverts.

On sort d’un utérus, terrible destin, pour être enterré, pas très loin.

Tout ce qui est important est dans ton premier quart d’heure. Il faut le revivre avec attention, déchiffrer ce livre de la création.

Regarde-moi, ma peau est grise maintenant. Est-ce que tu me vois du même œil qu’avant ?

J’ai connu l’air en même temps que la lumière. J’ai connu l’eau sur les fonts baptismaux. Je veux connaître la terre comme on perce un mystère, et quand je serai vieux, disparaître dans le feu.

Gris, comme un ciel de pluie, de neige ou d’agonie qui dilue les horizons, les frontières et nos prisons. Gris, comme une étendue sans heurts. Gris, sans peau, sans race, sans grimace. Gri-gri, grimage. Argile divine des origines, élégant onguent, témoin et confident, des premiers et derniers instants. Gris, comme un doux cri.

S’enterrer, retrouver ses racines, ses origines. Par un orifice, tuer l’artifice, s’enfouir, s’ensevelir. Dans son terrier, se terrer. Fuir la terreur de vivre.

Un cri ! Juste un cri… Pouvoir s’exprimer comme on découvre la vie.

Un air d'ouvrage, hommage à la terre. Cette terre labourée, fertilisée de cris, de rires, de passion et de vie. Qu’elle en porte les fruits.

Top